Workdiary WD2 (diplomatic transcript)

Workdiary 2 (Aphorisms in French, 1647)

Content: Literary aphorisms from 1647 in French, from Bk 1 of Gaultier de Costes, sieur de la Calprenède, Cassandre (Paris, 1642 and subsequent editions to 1666), a chivalric romance set in ancient Greece and Persia.

General Information

[BP 44, fol. 108]

L'Amour que j'ay pour vostre Vertu m'attache beaucoup plus puissamment à vous que l'obligation que je vous ay: & la cognoissance que vous m'en avez donnée, me fait esperer le Pardon d'une Incivilité, ou mon Desespoir, & une [Cholere][unclear] tres-legitime m'ont porté; vous l'excuserez sans doute quand vous en apprendrez la Cause.

~ & ces learmes eussent obtenu de lui tout autre chose que ce qu'il en demandoit.

~ Nous la considerasmes comme une chose merveilleuse, & si celle de nostre Prince ne l'eut esgallee, & ne nous eut fait voir plusieurs fois de semblables Prodiges, nous eussions eu de la Peine à Croire le Tesmoignage de nos yeux.

~ Pardonnez à la Brutalité de ces hommes, qui ne peuvent reverer en vous ce qu'ils n'ont jamais possedé.

~ N'estoit-ce pas assez de te faire aymer avec tant de violence, sans te faire aymer avec tant d'impossibilité pour ton Bonheur.

~ Mais voyant arriver les Reines & les Princesses, il dedaigna tous les autres Objects, pour attacher sa veüe sur les plus Nobles.

~ Grands Dieux, moderez la Grace que vous me faites, si vous ne voulez, ou que je meure, ou que je me mescoignoisse.

~ Si c'est un Songe, faites qu'il dure Eternellement['r' altered from 'n'].

~ Si les Dieux qui m'ont soubmis des Empires, ne vous avoient donné assez de Vertu pour les desdaigner, je vous offrirois une partie des miens. Mais puis que tout ce que je possede, est au dessoubs de vous, je ne puis vous offrir que nos coeurs, & un desir eternell de recoignoistre vostre Generosite par tout ce qui dependra de nous.

[BP 44, fol. 108v]

~ Si nous ne tirions bèaucoup d'avantages de vostre Perte, nous la regretterions avec vous; mais quelque obligation que nous vous ayons, nous ne pouvons nous détacher entierement de l'affection que nous avons pour nous mesme.

~ Et parce qu'il ne seroit pas juste que vous fussiez malheureux, seulement pour nous['s' altered from 'r'] avoir obligez avec tant de Generosité, croyez que vous trouverez parmy nous des Conditions aussi avantageuses que parmy les Scisthes['S' altered from 'C'].

~ Aussi avoit-il des Charmes inevitables pour attirer les Coeurs, & des chaisnes tres puissantes pour rètenir ceux qu'il avoit acquis.

~ Ny que le credit d'un Roy & l'intercession d'un amy puissent beaucoup obtenir ou ses merites n'auront rien peu.

~ Je n'attendois pas moins d'une Civilité qui m'est tres-connuë, mais si je ne suis point satisfaite de ces discours, & que l'interest que prens dans vostre bienvueillance, m'en fassent desirer des preuves; ne relascherez vous point de cette obeyssance que vous me promettez, & ne me laisray['ray' altered from 'sar']-vous point le Déplaisir & la honte d'un refus que mon Indiscretion a peut-estre Merité.

~ Non Madame je ne relascheray jamais du voeu què [ 'je f' deleted] j'ay fait de vous[altered from 'va'] obeyr Eternellement: & quand je rencontrerois la perte de ma vie dans cét honneur, elle m'est trop avantageuse pour ne l'embrasser point comme ma plus glorieuse Fortune.

~ Je n'acheteray jamais à ce prix le plus grand bien que je pouvois souhaitter.

[BP 44, fol. 109]

~ Je vous obeyray, & bien que je voye ma mort inevitable dans ce que vous desirez de moy; il me souvient que dans les offres que je vous en ay faites, je ne l'ay point exemptée des Preuves de mon Obeyssance.

~ Je meurs pour vous, & si c'est peu d'une mort pour vous satisfaire, accusez-en les Dieux, qui ne m'ont donné qu'une Vie pour reparer une Offence, dont l'expiation en demanderoit plus de mille.

~ Si les Obligations que je vous ay pour &c n'estoient aussi grandes que la faute que vous venez de commettre, je ne manquerois point de moyens pour vous faire recognoistre la nature d'une offence &c.

~ Ce Leger['L' altered from 'l'] service vous fait dissimuler mon Crime & ce que vous appellez Crime, <vous>[replacing 'me'] devoit estre mille fois plus considerable que ce Service.

~ Sa douleur redoubla, par la cognoissance qu'il eut de la part que tant de personnes Y prenoyent.

~ & n'ayant plus rien à craindre, je n'ay plus rien à dissimuler.

~ qu'avec le nom & la condition d'Oronte, il n'en avoit pas despouillé l'affection: ils se tenoient si estroittement embrassez qu'ils sembloient n'estre plus qu'une mesme Personne.

~ Puis qu'il m'est impossible de vivre si je ne suis aymé de vous, recevez les nouvelles asseurances que je vous donne de mon amour; & ne me refusez point la confirmation de celles que j'ay receuës de vous.

~ Je ne me veux pas souvenir de cette injure, puis que vous avez oublié de plus grandes & de plus importantes.

[BP 44, fol. 109v]

~ Et qui n'embrassera point avec moins de passion que le bien que vous lui promettez, les occasions de se sacrifier pour vous.

~ Je ne scay a quel dessein vous me demandez des asseurances d'une chose de laquelle je ne crois pas que vous doutiez.

~ Mais j'entends, reprit-il que c'est une amitié par dessus le Commun, & de laquelle vous ne me refuserez pas des Preuves quand je les desireray['ay' altered from 'ez'] de vous.

~ Il faudroit (repartit-elle) qu'elles fussent bien difficiles, puis qu'il n'est pas mieux vray que je suis St. qu'il l'est que j'ayme le Pr. Art. par dessus tout ce qui est au monde.

~ Ne vous estonnez point & prenez ce que je vous dis pour une chose aussi veritable qu'elle vous paroist estrange.

~ Et si vous considerez à quel terme cette volonté offence celuy qui nous a mis au monde, vous-trouvez estrange que je vous desobeÿsse?

~ La Pitié acheva d'introduire l'affection.

~ Par quelques larmes qui acheverent de la vaincre, & faillirent à luy faire donner des marques de sa Compassion, qui en auroient sans doute decouvert la Cause.

~ La Vertu de mon Prince luy ayant acquis dans ce peu de sejour, autant d'amis qu'il y avoit de personnes capables de la cognoistre.

~ Elle se laissa aller insensiblement dans une si forte amitié <pour luy> que la Passion de mon maistre n'avoit guiere d'avantage sur elle.

[BP 44, fol. 110]

~ Or. estoit hors de soy quand il faisoit reflection à son bon-heur, & quoy qu'il fust infiniment espris de la Beauté du Corps, celle de l'ame l'avoit tellement assujetty, que ne pouvant aymer une moindre Vertu, ny faire estat d'une conqueste plus facile, il trouvoit de la Douceur dans les difficultez qu'il y rencontroit.

~ Est il possible qu'à la veuë de ces merveilles que vous avoüez vous n'ayez perdu quelque peu de cette indifference qui les à toutes offencées.

~ Mais madame, Je ne manque point de respect, & je scay taire par cognoissance ce que je ne [ 'puis' deleted] pourrois declarer sans temerité: outre que je fais veritablement mes efforts pour me deffendre d'un mall, auquel je ne pourrois esperer de remede sans beaucoup de Presomtion.

~ Vous vous cognoissez assez & nous aussi, pour avoir des Pensees toutes contraires à vos Discours; & les Dames sçavent icy comme ailleurs estimer les personnes qui vous ressemblent.

~ Vous pouvez, Mll, vous divertir aux despens de ce malheureux; mais non pas le tirer par une raillerie de cette nature, de l'opinion qu'il a de soy: Quand vous l'aurez telle que vous la devez avoir (repartit R.) vous espererez tout ce que vous desirerez.

~ Et ayant eu le Coeur de le supporter, J'en auray peut estre assez pour le redire.

~ Quand je voys, que pour en éviter un plus grand il me faut necessairement faire un Crime.

~ Ne croyez pas toutesfois que cét accident me change quoy qu'il me trouble, & qu'estant Or. Fils de M. je ne sois aussi, Oronte, fidele[final 'e' altered from 'l'] Esclave de St. & tres-fidele amy d'Art. Je n'apprehenderay point d'estre fils dénaturé pour estre loyal amant & amy irreprochable.

[BP 44, fol. 110v]

~ Que le nouveau Subject que vous avez de haïr le Pere, ne fasse point passer vostre inimitié jusques au Fils; qui ne doit avoir aucun blasme du ses Desseins, puis que non seulement il en est tres-innocent, mais que mesme il les deteste & se [ 'p' deleted] dispose à leur ruine.

~ Si je veux estre vivant que pour estre amy D'Or. & meriter son affection par des preuves de la mienne.

~ Bien que vostre companie me soit infiniment chere j'ayme assez ma Soeur pour lui ceder la satisfaction que J'en retire, & vous ne la hayssez pas tant que vous ne puissiez vous divertir aupres d'elle jusques a nostre retour.

~ Cet excez de bonté me gaigneroit puissamment le Coeur, s'il pouvoit estre à vous plus qu'il ne l'est.

~ Me met plustost en estat de demander de la consolation que de vous en donner: & toute celle que je puis recevoir consiste dans l'Esperance que J'ay que cette absence ne pourra rien à mon Prejudice; & que vous conserverez quelque souvenir de celuy, qui vous adore avec tout le Zele que les Dieux peuvent desirer de vous.

~ Et ne hazardez que bien a propos ce qui n'est plus à vous, si vous ne voulez revoquer le Don que vous m'en avez fait; & si vous aymez ma vie, ayez soin de la vostre.

~ & Prevoir dans sa Desobeyssance la ruine entiere de son bonheur, s'il se fonde sur l'amitié de Statira.

~ Ce n'est pas que les Preuves d'affection que vous rendez à mon frere, ne me soyent aussi agreables qu'à luy-mesme.

[BP 44, fol. 111]

~ Ce jour estoit si extraordinairement Sombre, qu'on avoit['t' altered from 'd'] de la peine à s'entrevoir; & sembloit avoir desia pris le Duëill de tant de milliers d'hommes à qui il devoit estre estre le dernier.

~ Ce desespoir offence les Dieux au dernier Point, & c'est d'eux que vous devez attendre la fin d'une vie qu'ils vous ont données: mais puis, (repartit le Pr.) qu'ils ont ravy celle['c' altered from 'd'] d'Art, ils ont perdu le soin de la mienne: & m'en ostant le subject, ils m'ont osté le['l' altered from 'c'] Desir de la conserver.

~ Ton dernier soin fut celuy de me tesmoigner que ton affection ne t'abandonnoit point avec la Vie.

~ & je desesperois enfin de le remettre si je ne me fusse avisé d'etouffer les souvenirs de l'amitié dans les Considerations de l'amour: & [ 'lui' deleted] me servir du Pouvoir de Statira pour luy conserver celuy qui ne vivoit que pour elle.

~ Je ne veux pas vous obliger à recevoir cette Affliction d'un visage égal: mais en homme qui est un peu Maistre de ses Passions: je ne sçaurois condamner des Pleurs si legitimes, mais aussi je ne puis approuver vostre Desespoir; vos larmes tesmoignent que vous estes homme, mais vostre opiniastreté à vous perdre tesmoigne que vous ne l'estes pas, puis qu'il vous reste si peu de raison, lors qu'elle vous est la plus necessaire.

~ & que la consideration de ses malheurs propres, peut suspendre les sentiments qu'elle avoit pour ceux de la maison Royale.

~ Il faillit à perdre la vie du seul deplaisir qu'il eut d'estre obligé [ 'de' deleted] à la conserver

[BP 44, fol. 111v]

~ & du Souvenir des bonheurs qu'il avoit perdus, & du ressentiment des Malheurs ou il se voyoit ensevely.

~ Tournez encore vos yeux sur moy, & si vous estes la mesme St. si religieusement adorée du pauvre Orond. voyez que je suis encore le mesme Oronte, de qui la divine St. a esté si religieusement adorée.

~ que je ne puis trainer qu'avec horreur, & que je ne prolonge qu'avecq honte.

~ Je pense qu'un mesme Dessein nous ameine icy, mais je prie les Dieux que vous n'y soyez point conduit par une Fortune aussi mauvaise que la mienne.

~ (mais mes malheurs sont si grands) qu'il faut qu'ils me cedent un prix, que malgré moy j'emporte sur tout le reste du monde.

~ qui semblent ne demeurer au monde, que pour servir de Jouët aux inconstance, [ '& de' deleted] ou plustost de But aux persecutions de la fortune.

~ Et si vous me permettez de vous exposer mes Sentiments, je vous diray que j'ay tousjours creu, qu'il y avoit autant de Differentes sortes de Bonheur, qu'il y a de differentes sortes d'esprits; & que comme le vray Souverain bien ne consiste que dans la seule satisfaction de l'esprit; la seule diversité des Inclinations y peut mettre la Difference.

~ Le nombre des maux que ces Personnes heureuses en Apparence ont ressentis, l'emportent sur celuy des biens qui nous les font croire telles.

~ & qui abandonnant tout espoir de secours humain & de consolation humaine, n'attend l'un & l'autre que de ta divine Bonté.

[BP 44, fol. 112]

~ Ce n'est pas sur moy seul que vous desployez vostre cholere, & le nombre des malheureux est presque aussi grand que celuy des hommes.

~ Fermez les yeux à tout ce qui vous peut détourner de vostre dessein & n'appellez plus vertu, une Patience lasche & hors de saison.

~ Non pas comme ces amoureux speculatifs, qui se contentent d'une oeillade, & idolatrent dix ans un Visage, sans pretendre autre fruit de leur adoration que la veüe & l'entretien.